• Dunkerque 2 aquarelles sur papier torchon 38x56

    posté le mercredi 27 août 2008 23:11



    C'était le soir. Sous un ciel d'encre le " Hamburg Max " entrait dans le port de Dunkerque. Les " pousseurs" semblaient minuscules auprès de lui. De l'autre coté du canal je voyais les hauts fourneaux de l'usine sidérurgique " Arcelor", surtout le fameux " HF4", l'un des plus performants en Europe. Le bateau, aidé par les frèles "coques de noix" qui le guidaient, accostera au quai minéralier pour y déverser ses tonnes de minerais de fer. L'odeur était toujours la même, effluves de souffre et de métal fondu. L'été, par vent d'ouest on la sentait jusqu'à La Panne en Belgique à vingt kilomètres de là. Le bruit aussi est continu, et la nuit c'est un festival de feu et de lumière renforcé par les torchères des raffineries situées juste à la sortie du port. On a du mal à imaginer la vie des habitants de Mardyck, à quelques centaines de mètres de l'autre coté du canal...!

    Plus que cette atmosphère lugubre ( mais néanmoins captivante par son gigantisme, et par la vie des hommes qui y travaillent), c'est surtout le port qui m'attirait, ces bateaux énormes venus des quatre "coins" du monde. Mais qui n'a jamais été attiré par cet appel du large ? J'ai essayé, il y a maintenant quelques dizaines d'années. Cela avait commencé par la visite d'un gros chalutier ( il y en avait encore à cette époque à Dunkerque). Mais je me suis vite rendu compte qu'il n'y avait pas que la coque du vieux bateau qui était rongée par la rouille...! Alors le voyage s'arrêta là après quelques verres avec le patron ( j'étais tombé sur l'exception du port, mais je décidais de ne pas continuer à en chercher un autre...). J'essayai pourtant une nouvelle fois. Une compagnie trans- Manche, à la maintenance. Mais, là c'est le courant de la vie qui fut plus fort que le " Gulf Stream". La passerelle ne me vit jamais comme marin mais comme passager.

    Ah, si, j'oubliais, bien sûr que j'ai été marin... Un an à Cherbourg. Appelé, qu'on disait...! Dragueur de mines...! " Elle a une drôle de mine, celle-là...! On la drague ? ". Il y avait plus souvent tempête dans les rues de Cherbourg qu'au large. C'était toujours vent debout quand on revenait vers la caserne. On faisait des embardées de gauche à droite pour garder le cap. Par chance il y avait beaucoup d' îlots ( des bars, environ tout les cinquante mètres...!) qu'on repérait facilement à leur lueur blafarde qui brillait jusqu'à tôt le matin ( c'est mieux pour les marins en détresse...!). Lorsque le vent dans" nos "voiles se calmait, que nous étions bien calé sur nos tabourets, Martial prenait son mégot entre le pouce et le majeur et d'une pichenette l'envoyait par dessus sa tête sans regarder ou il tombait...! Et nous attendions l' heureux élu qui nous le rapporterait en grommelant: " Ça vous amuse, les gars...? " Et c'était parti... Un peu barge, le Martial, non ? Mais on était bien copain. Et puis à l'armée, on s'amuse comme on peut. Heureusement, on appelle plus les jeunes maintenant, mais on a pas encore aboli les militaires...! Je m'égare, porc tu erres...!

    Le bateau était à quai ; je rentrait en passant par la plage de Malo les Bains, la station balnéaire de Dunkerque. On voyait le port au loin et le squelette des usines. Je pensais aux marins qui iraient à terre, place du Minck, prés de la tour du Leughenaer ( tour du Menteur), et longeraient le quai des Hollandais. Je pensais à Martial et son mégot. " Alors, Martial, tu dors ? On ne t'entend plus ? " "Ah, tu ne fumes plus...!"

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