• posté le mardi 20 mai 2014 22:05

    " C'était le jeudi qu'on se réunissait... La bière coulait à flot, les paquets de cigarettes s'étalaient sur la table cachés par des papiers divers: des appels, des tracts en "formation"..., des journaux, même des papiers gras qui avaient protégé un "sandwich rillettes aux cornichons" ou des éclairs au chocolat, Jacques adorait les éclairs, il en mangeait à toute heure... Parfois on mangeait bien, y'avait de bon "cuistos" parmi nous. On prenait des notes, on parlait chacun notre tour, pas trop fort à cause des voisins... Que devaient dire les voisins d'ailleurs ...? Quelques fois c'était chez moi qu'avaient lieux les réunions. On avait entreposé sous l'abri de la cour la vielle gestetner... elle n'a d'ailleurs jamais servi... Trop vielle la "bécane", je me souviens du jour ou on l'a mise là, elle était si lourde, c'était peut-être pour la planquer...? Je ne sais plus. En fonctionnement, les jours de mobilisation, les voisins n'auraient pas apprécié le bruit ... Les voisins... LE VOISIN et ses fils avec qui je me suis battu... dans la rue... J'en ai pris plein la tronche, mais vu le nombre qu'ils étaient, je me suis bien démerdé... deux côtes cassés, un pif en sang, une broutille... et tout ça pour une connerie de voisinage. Mais je savais que ce connard était à l’extrême droite, alors pour moi c'était comme une victoire... faut pas oublier l'histoire, rien laisser passer, même l'ignorance... faut qu'ils apprennent, aujourd'hui aussi trente ans après. Y-a des coups de poing dans la gueule qui se perdent...

    La vie est si belle entre copains, DANS LA FUMÉE DES CIGARETTES ... "Là ou tu es, tu as encore des gauloises, Marcel ?..."


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  • posté le vendredi 18 avril 2014 18:06




    J'étais sur mon "ile", mon garage en somme, j'écoutais " April in Paris" de Charlie Parker... Alors je marchais sur les quais, il pleuvait mais la musique qui sortait du saxo de Charlie me protégeait... Les notes se succédaient si rapidement qu'elles formaient comme une arche protectrice au dessus de ma tête. Les ponts de Paris ne servent plus à rien quand " Bird" est là, tout est fluide comme cette pluie de printemps. Si Charlie n'avait pas existé, je crois que j'aurais été trempé jusqu'aux os... Mais il est né, il a sauvé la musique, le blues, rien que ça, sacré Charlie. J'aurais bien aimé être sur la 52ème dans les années 50... Cool blues...Love for sale... Embraceable You... Le disque s’arrête, je suis à 30 km de Paris, un pinceau à la main, et j'ai perdu la note, pardon, la couleur. Si je mettais une couleur pour chacune des notes de sa musique... mais je ne suis pas un oiseau, ni une fleur, un arbre, un fleuve, une montagne, une rivière, je ne suis qu'un humain... lui, " Charlie Zoizeau Parker " (comme l'appela Boris Vian au festival de jazz de Paris en 49 ) avait la grâce, et il est parti ce soir du 12 mars 1955... dans un éclat de rire...


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  • posté le vendredi 04 avril 2014 18:39

    Il était usé, fatigué, ses flans étaient rouillés... et le marin assis sur son paquetage, comme lui, tournait l'dos à la mer, à l'océan: il en avait connu d'autres bateaux plus fiers et plus hauts, des fortunes de mer, des bordées du grand large aux bordées dans la ville,... Il se souvenait du bidel et de sa peau de bouc, du faubert à briquer l'pont et des amarinages de moussaillons... Il ne subira plus les abattées ni les aulofées, ne sentira plus sur son visage le nordet, le noroit ni le suet ni le suroit, il ne préparera plus la biture pour le mouillage, plus de nuit sur le branle et plus de branle-bas... Le chômage du navire est définitif qui ne connaîtra plus ses oeuvres vives, il n'est plus qu'oeuvre morte... bientôt on verra les membrures, les bollards ne capelleront plus l'oeil de ses amares, à babord c'est le béton... Le bastingage est une loque, le pont est dévasté, l'étrave ne fendra plus cet océan immense et de l'étambot, la terre, desormais reste immobile. Il repose maintenant sur des genres de béquilles, des bers de stockage indignes d'un voyageur, et le marin s'en va, il n'aura plus besoin de carte, plus besoin de l' AMER...


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  • posté le mercredi 19 mars 2014 21:22

    La fenêtre est bien le meilleur endroit pour voir passer le temps... Avant il s'arrêtait le temps, il sonnait à la porte et il entrait... Maintenant, il passe... Faut dire qu'il ne me connaît plus le temps. Il n'a plus le temps... Il est pressé, jeune, il court le temps, tout le temps. Il change les couleurs, il est froid ou chaud, sévère ou bien harmonieux.

    Le temps passe, tout va bien et soudain, parce qu’il n'a pas de mémoire il redevient sévère et il frappe... En fait je ne sais plus si c'est le temps qui est sévère (parce qu’il n'a plus de mémoire) ou si c'est ceux qui le regardent passer qui n'ont plus de mémoire... Le temps est libre et c'est nous qui ne le sommes pas, il nous enchaine, nous domine, nous opprime...

    Il faut que j'arrête de penser des conneries, le temps n'y est pour rien, le temps n'existe pas, il est mon ami... ALORS A QUI LA FAUTE... DEVINE

    LE MAUVAIS TEMPS EST SOUVENT CALME, SANS SAVEUR, C'EST LE TEMPS DU " CHACUN POUR SOIT"... MOI J'AIME LE TEMPS COUVERT, ROUGE OU NOIR COMME L'ORAGE, LE TEMPS DES CAMARADES. ROUGE ET NOIR DANS LA TÊTE... MAIS HARMONIEUX DANS LES GESTES.
    LE TEMPS COMME LE PENSAIT ROSA .


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  • posté le dimanche 02 mars 2014 12:48

    ... Un p'tit coin d'paradis, fait de taules rouillées d'un jaune orangé, et au bout de l'allée d'herbes folles et flétries, cette bâtisse immonde, qui jadis abrita des magnats de l'acier, du tissus, du papier, des chaussures, des torchons, des serviettes et des ronds... des voitures et des chars, des poudres et des canons ( liturgiques ou non ), des patrons qui bâfrèrent joyeusement sur ton vieux dos courbé et prirent leurs cliques et leurs claques pour s'installer ailleurs, là ou le butin est plus juteux... Alors oui, tu peux t'installer au château, Pépère...


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